Laurent Dehors répond à nos questions

LF : Comment est né ce duo ?

LD : J'ai rencontré Matthew Bourne à Breacon. Il jouait avec des samples de dialogues de cinéma, et nous avions l'impression qu'avec ces dialogues, les acteurs se mettaient à chanter.

De plus, il a un toucher exceptionnel qui me fait toujours entrer directement dans la musique quand je joue avec lui.

Après plusieurs collaborations au sein de Trio Grande et de mes formations autour de "Concerto grosso" et "La petite histoire de l'opéra", je lui ai proposé ce projet plus intimiste.

LF : Ce projet se nomme « Chansons d'amour », si ce n'est pas indiscret, pourquoi ce besoin soudain de parler d'amour ?

LD : Parce que je l'avais jamais fait avant! On ne peut pas parler d'amour avec n'importe qui et je pense que la vibration de Matthew est un terrain fertile à ce genre d'introspection. 

LF : Ce projet se tient bien en mélangeant pourtant chansons connues et plages improvisées. Comment arrive-t-on à ce beau résultat ?

Une matière sonore très riche, un chant mélodique puissant, une douceur parfois tourmentée, des explorations surprenantes. Comment parvenez-vous à réunir ces contraintes, voire ces contraires ?

LD : Comme chanson connue, il n'y a que ma reprise en solo de "La Vie en rose" (qui est assez méconnaissable d'ailleurs). Et Claude Tchamitchian, avec son Label Emouvance, nous a proposé 3 jours d'enregistrement au studio la Buissonne (un grand confort dans notre petit monde du jazz). Le 1er jour nous avons enregistré toutes les pièces écrites, et les 2 autres nous avons improvisé. Ensuite à la réécoute, nous avons essayé de donner une forme à ce projet en gardant la quintessence de ce que nous avions enregistré.

LF : Dans l’histoire du Jazz, les duos ne sont pas si fréquents mais leurs tentatives pour certains sont devenues de grands moments de musique voir même anthologique, comme Stan Getz et Kenny Baron ou Jerry Bergonzi et Joachim Khun, Archie Shepp avec Horace Parlan, Jim hall et Bill Evans et quelques autres...Il y en a t’il un en particulier qui aurait pus inspirer votre propre duo ?

LD : Ce n'est pas le fait d'écouter un duo qui donne envie d'enregistrer un autre duo. On est souvent mieux nourri par ce qui ne nous ressemble pas.