Pour une fois, ce n'est pas nous (Jean-Claude, Benoist , Franck et Marc) qui posons les questions, au contraire, c'est nous qui répondons aux questions imaginées par Mathilde, jeune stagiaire en licence de communication, présente tout au long du festival pour nous prêter main forte. Merci à elle !
Bonne nouvelle ! Cette année, le 9ème Festiva'son s'étale sur cinq jours, et avec plein de nouveautés ! Pourquoi avoir eu envie d'innover par rapport aux années précédentes ? Repas froids et chauds, bar, brocante musicale, table de presse et vente de disques... 2013, année de la convivialité pour le festival ?
Trois membres de notre collectif (Franck, Benoist et Jean-Claude) ont une expérience commune. Ils ont participé à l’organisation du festival « La mare au Jazz » qui a eu lieu en Mayenne, plus exactement dans le village de Lignières-Orgères (environ 800 habitants), de 1998 à 2003. Dans un magnifique décor (un ancien corps de ferme) et pendant ces 6 éditions, ils ont réussi à faire découvrir et aimer différents styles et périodes du jazz à un large public. L'esprit d'équipe y était une donnée capitale. C’est donc dans cet esprit que nous organisons la 9ème édition du Festiva’son. Notamment, avec la volonté de créer un rapprochement entre notre collectif aidé par les bénévoles, les adhérents (les fidèles et les futurs…) et bien sûr les musiciens et musiciennes. À travers les divers stands proposés, nous souhaitons faire de ce festival, un moment d’échanges et de rencontres inscrit dans la durée et pas uniquement une succession de concerts à écouter avant de rentrer chez soi… Bref, notre festival est aussi celui de tous ceux et celles qui souhaitent en faire un moment fort et vivant. !
Le Festiva'son 2013, une belle programmation en perspective ? Quels sont les particularités des groupes choisis ?
Avec 7 concerts sur 5 jours, nous voulons rester fidèles à notre "esprit" musical : programmer des artistes talentueux mais pas ou peu médiatisés, jeunes prometteurs ou "anciens" plus expérimentés, tout en réaffirmant notre attachement à deux courants musicaux différents mais pour nous absolument pas contradictoires, et même complémentaires. En effet, nous voulons tout d'abord faire une vraie place à la musique improvisée avec, en ouverture du festival, le concert de Sophie Agnel et Laurent Pascal qui sera suivi d'une jam, puis le concert du trio Rives le vendredi. D'autre part, nous rappelons également notre goût pour un jazz moderne, créatif et personnel mais également ancré dans le 20ème siècle (de façon certes différente selon les projets), qui fait donc parfois référence au Bop ou aux standards du jazz et qui oublie rarement le plaisir contagieux, parfois irrésistible, d'un rythme ou d'un thème qui vous prend et ne vous lâche plus… Plusieurs concerts sont sur cette large ligne musicale : celui du "Now blues" prolongé par une jam le jeudi soir, celui du quartet de Franck Roger pour les enfants le samedi après-midi, celui des élèves du conservatoire en Big band pour la première partie du Paris Jazz Underground le samedi soir et, pour clôturer, celui du grand Jacques Mahieux en quartet familial. Un denier point important : malgré un contexte social difficile, nous tenons à garder des tarifs que nous estimons vraiment abordables (pour les adhérents : 6€ le concert ou 18€ le pass pour les 5 jours), tout en gardant des événements en entrée libre : les jams impro et jazz, la conférence à la médiathèque et la projection du film sur Billie Holiday.
Une conférence sur l'histoire des femmes dans le jazz est organisée à la médiathèque Pablo Néruda ; quels en seront les enjeux ? Comment imaginez-vous justement la place des femmes sur la scène Jazz dans quelques années ?
Lorsque Jean-Paul Ricard nous a proposé ce sujet de conférence, on a tout de suite pensé à la disparition de cette grande chanteuse et musicienne Madame Abbey Lincoln. Peu de journalistes ont rendu l'hommage attendu à cette femme qui a eu un rôle très important dans le jazz. Elle fut aussi, avec Max Roach, une ambassadrice pour la cause des Afro-américains aux Etats-Unis. Son message et sa façon de chanter ont forcement fait évoluer cette musique car artistiquement c'est une chanteuse très proche de musiciens tels que Charles Mingus ou Archie Shepp. Quand on pense de manière plus large à la place des femmes dans le jazz, on ne peut nier le coté machiste de notre société, voire de notre propre éducation. Etre une femme et en plus être noire ne doit pas être une chose facile, et cela a forcément un impact négatif, injuste, sur une carrière artistique. De nombreuses femmes ont fait évoluer le jazz mais aussi la musique en général. Pour en citer quelques-unes : Mary Lou Williams, Lillian Hardin, et plus proche de nous Carla Bley, Maria Schneider et beaucoup d’autres encore, dont certaines joueront lors du Festiva'son (Sohpie Agnel et Géraldine Laurent). Lorsque nous programmons des groupes pour Jazzamalak ou pour le Festiva’son, nous ne regardons évidemment pas s'ils réunissent des femmes ou des hommes, ni leur popularité, nous écoutons tout simplement leur musique. Même si on sent une légère évolution positive au fil des ans, nous constatons toujours dans l'ensemble le faible nombre de musiciennes dans les projets reçus. Car pouvoir programmer des musiciennes de talent est toujours pour nous un grand plaisir. Enfin, on peut dire que si le jazz s’est fait avec des hommes et des femmes, les musiciennes ont très certainement subi une forme d’injustice car elles ont rarement reçu la même reconnaissance artistique et sociale que les hommes.
Autre nouveauté cette année : un concert dédié au jeune public. Est-ce un moyen de populariser le Jazz dès le plus jeune âge ? Lorsque vous réalisez des actions culturelles au sein des écoles, comment se passent les échanges entre les élèves et les musiciens ? Sont-ils réceptifs à votre passion pour le Jazz ?
Franck : Ma rencontre avec le Jazz s’est faite lorsque j’avais 15 ans. On dit qu'à cet âge, on commence à chercher sa propre identité et toutes les directions sont bonnes à prendre. Mais je pense que le système scolaire n’offre toujours pas les possibilités de favoriser cette recherche chez les enfants. Lors de ces rencontres avec le jeune public, je leur dis souvent que l’improvisation est, à mon sens, une façon d’être soi parmi les autres. J'essaye de leur montrer que par le biais de la pratique musicale, nous pouvons tout exprimer. Bien sûr, de nombreux artistes n’ont pas toujours réussi à se faire comprendre du grand public et même s'ils ont pu choquer certains auditeurs, la liberté d’expression était toujours là, tout en respectent certains codes dans le groupe. De plus, l’histoire du Jazz a cette particularité de s’être construite avec l'histoire politique et sociale des Etats-Unis, notamment celle des Noirs américains et de la ségrégation raciale. Evidemment, nous ne prétendons pas faire un cours d’histoire mais tout simplement faire comprendre aux enfants comment cette musique s’est faite depuis 100 ans et surtout transmettre notre passion. Ils n’accrochent pas forcement tous avec cette musique mais la plupart sont très intéressés par certaines anecdotes sur la vie de ces musiciens et sur le courage, la rage de vivre, du peuple Blues. Pour finir, ce petit spectacle a l’avantage d’être interactif entre les enfants et les musiciens, en leur permettant de poser des questions pendant le concert. Nous espérons que cela permettra à certains de découvrir une passion et de se construire au travers de celle-ci.
Depuis 2 ans, vous avez ouvert l'association en impliquant des bénévoles pour de multiples tâches et coups de main ? Quelles sont-elles ? Leur participation a-t-elle changé des choses dans la vie et l'esprit de l'association ?
C'est un grand plaisir et une chance pour La Fabrica’son de voir ses adhérents rejoindre notre équipe. Les bénévoles apportent un sérieux coup de main à l’association ; grâce à leur énergie et leurs talents variés, ils enrichissent le projet collectif… Les rendez-vous réguliers sont le pliage du journal et sa distribution sur le marché ainsi que l’organisation des concerts. Nous avons également un photographe présent à chaque concert dont les photos sont mises en ligne sur notre site (que nous vous invitons à consulter) Et puis cette année, il y a le festival pour lequel nous avons sollicité un maximum de bonnes volontés. Les possibilités de coup de main ne manquent pas : tracter le journal, coller des affiches, faire les courses ou la cuisine, tenir un stand, préparer et ranger la salle, diffuser l'info autour de soi et ramener plein de nouveaux fans de musique... Il faut enfin souligner que dans une société qui nous pousse à la consommation et à l'individualisme, participer à une (petite) expérience collective de diffusion culturelle, avec des gens motivés et dynamiques, le tout dans une ambiance de convivialité et d'authenticité, c'est bon pour le moral…
Pourquoi avoir fait appel au collectif : "Prenez place" pour décorer la salle ?
Tout d’abord, nous connaissions deux des protagonistes, Yro et Dominique Jalu avant même de savoir qu’ils appartenaient au collectif « Prenez place ». Ce sont des adhérents de la Fabrica’son de longue date, tous deux artistes peintres résidant à Malakoff même si aujourd’hui Dominique a déplacé son atelier en province. Ils font tous deux partie du paysage culturel de Malakoff et sont deux personnages tout à fait délicieux avec qui le partage, l’échange vont de soi. Les anciens adhérents gardent sans aucun doute un souvenir des peintures d'Yro dans notre ancienne salle et de ses commentaires lors des micro-trottoirs à la fin de chaque concert et qui étaient édités dans notre journal. Pertinence, poésie et engagement sans compromis étaient la marque des propos d’Yro. Les musiciens s’en souviennent encore ! Quant à Dominique, il nous a été d’un grand secours lors de notre période nomade en nous proposant de mettre son atelier à disposition pour une jam qui a fortiori s'est transformée en performance puisqu’à la fin de cette soirée Dominique avait achevé une toile élaborée en temps réel, au gré des jameurs qui venaient faire le bœuf. Liens associatifs, mutualisation des compétences, volonté d'innover, le tout fondé sur le respect et appréciation mutuelle sont les raisons de notre collaboration pour ce festival. Nous leur avons donné carte blanche en toute confiance pour créer le décor de la salle des fêtes. Nous attendons le résultat avec impatience. Cette collaboration est, en ce sens, intrinsèque à l’activité humaine car à bien y réfléchir, l’activité artistique est aussi l’expression du lien qui unit la matière et les hommes. Merci à eux !
Running sneakers | Available Now // Heat-Sensitive Air Force 1 Changes Color in Sunlight , Jobs-odtLa Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com