LF : Comment s'est faite cette rencontre avec Soo-bin Park? Est-ce un désir de ta part, de te confronter à une autre culture, ou est-ce uniquement un rapprochement humain et artistique avec cette musicienne ?
FV : Un coup de foudre avec une prestation de la compagnie Dulsori où officiait Soo-bin en 2005. Lors d'une tournée avec Lo'jo, nous nous rendîmes en Australie puis en nouvelle Zélande, où nous fîmes durant deux semaines de bien belles rencontres. Je tiens à dire que c'est le meilleur festival où je me suis produit, son nom? le « Womad festival », créé par Peter Gabriel, et où chaque groupe joue 4 fois sur une semaine, un concert sur la plus grosse scène, un sur la moyenne, un sur la petite et une master- class, et tout ça dans de belles campagnes vallonnées et avec un planning qui vous donne l'occasion d'aller entendre et découvrir des groupes qui viennent du monde entier et surtout dans des styles complètement différents! Pas comme ces festivals qui ne programment que du métal, du festif, de la chanson ou du jazz... Imagine ne manger que des huîtres pendant une semaine !
Bref, pour un type comme moi qui aime la musique au sens large, les surprises, et surtout la convivialité, c'est le bonheur, parce que tu as en plus, le temps de rencontrer, et pourquoi pas, de bringuer avec tous ces artistes du monde entier.
LF : Tu réussis à intégrer deux univers, deux continents musicaux apparemment fort éloignés, dans une heureuse alchimie qui laisse pour autant du caractère et de l'espace aux « couleurs locales » propres à chacun. Quel en est ton (ou votre) secret ?
FV : Merci, mais je n'ai pas de secret pour ce qui est de la composition, mon apprentissage de la musique est très empirique, et j'écris ce que j'entends ou j'essaie de m'en rapprocher le plus possible en simplifiant tout de même... Il faut garder du monde dans la salle ! Il y a pour ce projet quelques fils conducteurs comme des rythmes et des gammes issues de la musique traditionnelle sud coréenne, qu'on retrouve dans certains morceaux. Cela afin que Soo-bin retrouve des repères et pour nourrir les musiciens de Benzine.
LF : Nous n'avons pu écouter qu'un morceau qui nous a conquis d'ailleurs. Peux tu nous parler un peu plus de la musique ? Les compositions viennent-elles toutes de toi ?
FV :Je travaille avec un cahier des charges, où j'y consigne plein de notes pendant la période de gestation du projet, puis lorsque je me lance, la musique vient assez naturellement. J'ai composé et arrangé tous les titres du disque, il y a un titre composé durant les séances par Guillaume ( XY ) et deux improvisations guidées par notre producteur Edouard Ferlet.
LF : La musique dégage beaucoup d'énergie et de danse, est-ce important pour toi le rapport de la musique à la danse ?
FV : J'aime danser, je danse mal oui c'est sûr, mais j'aime que la musique me transporte au-delà de l'intellect. Pierrot Lunaire de Schoenberg, Ionisation de Varèse, ou même les Four last songs de Richard Strauss me guident et me donnent envie de bouger, la liberté de Maurice Ravel, de Keith Jarret ou de Wayne Shorter d'exploser ! Le génie de Tony Williams, de Jack Dejohnette et de Vinnie Colaïuta lorsqu'ils étaient jeunes me fascine et me donne parfois le vertige. Mais je m'égare en fait je préfère danser sur Fela ou Tom tom club..
LF : As-tu trouvé dans le chant coréen et dans les percussions de ce pays des éléments que tu n'avais jamais entendu auparavant ?
FV : Oui, et je te conseille Soo-bin Park avec Benzine et Kim Duk-soo pour t'en faire une idée.
LF : Une tournée en Corée a-t-elle eu lieu ou est-elle prévue ?
FV : Nous allons si tout va bien aller jouer en Mai et peut être en octobre prochain en Corée du sud.
LF : Cette rencontre n'est-elle pas proche d'une certaine idée du jazz, genre musical certes mais tout autant manière d'être, d'aborder la vie comme une suite de rencontres possibles, les plus variées possible au-delà des styles, des « cuisines locales » ; le jazz comme une disponibilité permanente (parfois risquée) à toutes rencontres humaines et artistiques authentiques ?
FV : Très belle question ! Relis là, et tu auras la réponse à ta question car j'adhère à ces propos.
LF : J'ai le sentiment que tu cherches un peu partout à créer des ponts des liens entre les soi-disant genres musicaux? Est-ce par goût ou bien est-ce pour en finir avec les guerres de chapelles ?
FV : C'est vrai que je m'active au décloisonnement des genres avec quelques groupes, ce n'est pas un choix c'est un fait. La guerre c'est pas mon truc, je suis réformé P4. Les chapelles ? Petit, j'ai choisi Judo plutôt que catéchisme, mais c'est sûr que je préfère les gens cultivés et curieux aux spécialistes, et dans ces chapelles les super héros sont souvent frileux et préfèrent rester dans leurs premiers rôles confortables, plutôt que le chantier un peu salissant et moins payant.
LF : D'autres voix et percussions venant d'autres cultures musicales pourraient-elle également t'attirer au point de renouveler plus tard ce genre d'expérience, novatrice et fédératrice ?
FV : Oui j'ai d'autres projets un peu en marge et des disques finis dans un tiroir . Mais j'ai depuis peu, conscience que cela n'intéresse que moi, les copains, ou par chance quelques résistants à la publication ou à la programmation robotisée Liberté est un mot bien fatigué...
LF : Comme tu le sais nous venons de perdre notre lieu en juin dernier. Que représente pour toi et ta musique ces petits clubs ?
FV : La vie, le partage, l'authenticité, la simplicité, et aussi une sorte de récompense pour un musicien comme moi de pouvoir m'exprimer devant un public de tous âges et tous bords. Après avoir fait 400 concerts avec Lo'jo, je préfère le public famille que le public spécialiste, et c'est ce que j'ai aimé les quelques fois où je me suis produit à la La Fabrica'son. Connais-tu ces anagrammes de Fabrica'sons ? :Cobras naifs, Cabris faons, Bross a canif, Faisans broc, Sans-abri foc !
Merci et rendez-vous le dimanche 3 avril à 16h
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