LF : Il est plutôt rare de voir des contrebassistes se consacrer à l'arrangement, quels sont tes influences ?
J-S J : Mes influences sont très variées, même si Wynton Marsalis et Charlie Mingus font partie de mes arrangeurs préférés! Pour ce qui est de l'arrangement chez les contrebassistes, quand je pense à Dave Holland ou Charlie Haden, je ne suis pas si sûr qu'ils soient si peu nombreux. Il est vrai que quand j'arrange, c'est avec le piano et non la contrebasse. C'est peut-être pour cela qu'il n'y aurait pas beaucoup de contrebassistes-arrangeurs, en raison des recours harmoniques assez limités de l'instrument!
LF : Tu sembles être très demandé comme contrebassiste, es-tu autant appelé comme arrangeur?
J-S J : Je suis heureux d'apprendre que je suis très appelé, il faudra que je me tienne plus au courant...! En tant qu'arrangeur je travaille beaucoup pour des chanteurs et des chanteuses. Récemment, Fréderic Couderc et Sylvain Del Campo ont fait appel à moi pour des projets à venir. J'ai aussi récemment écrit un arrangement orchestral pour un projet au Venezuela.
C'est vrai que je n'ai pas l'impression d'être très sollicité, car pour l'instant, mon travail d'arrangeur n'a pas pu vraiment voir le jour dans des projets discographiques.
LF : Tu proposes des structures musicales très riches rythmiquement. Quel est ton rapport aux percussions en général, et latino- africaines en particulier ? Auraient-elles la place dans ce projet actuel ?
J-S J : Dans l'enregistrement que tu as écouté, c'est Jean-Luc Ditsch qui tient la batterie, il est lui aussi un excellent rythmicien doté d'une excellente technique! En fait, je joue avec Christophe Bras depuis 20 ans et quand on avait 18 ans, on déchiffrait les solfèges syncopés d'Agostini et tout plein d'autres bizarreries rythmiques de ce genre, par pur plaisir. (ndlr : le batteur Antoine Bainville était normalement prévu pour le concert du 12 juin)
Dès l'âge de trois ans j'ai joué les percussions latines (maracas vénézuéliennes, bongos, congas etc...), j'en jouais notamment avec mon père au Venezuela et plus tard en France avec des groupes latins. Pour ce qui est de mon projet et des percus, tout est possible!
LF : Le concert du mois précédent était aussi un projet de contrebassiste, celui de notre ami et fondateur Jean-Claude Oleksiak. Quelle est, premièrement, la place particulière de cet instrument dans le groupe, et secondement, celle de ton rôle de leader ?
Par sa tessiture, est-il difficile de mettre la contrebasse devant comme soliste ? Composes-tu des morceaux en fonction de la contrebasse?
J-S J : Je tiens tout premièrement à préciser que j'apprécie énormément Jean-Claude comme personne et comme musicien. Je le félicite d'avoir monté cette super asso qu'est la fabrica'son!! Il faut beaucoup de courage pour tenir de front le travail de la musique et tout l'aspect administratif que représente une association.
Quant à la position de la contrebasse dans le groupe, je ne me pose pas vraiment la question. Mais il est vrai que je prends pas mal de libertés (rythmiquement, harmoniquement et mélodiquement) ce qui ne fait pas de moi un sideman idéal ...
Je pense que tous les leaders ont plus ou moins d'exigence. Ils veulent tous que leur musique sonne comme ils l'entendent.
Pour répondre à ta question, non, je ne compose pas en fonction de la contrebasse.
LF : Tu as joué dans notre ancienne salle, petite, chaleureuse, rustique. Tu vas cette fois-ci jouer dans une salle très différente, plus spacieuse, plus confortable et luxueuse. Quel est ton rapport aux lieux (qui peuvent être en plein air) dans lesquels tu joues ? Y accordes-tu, ou pas, une grande importance ?
J-S J : Je préfère en général jouer dans des salles de taille moyenne, les très grandes salles m'intimident. Quant à l'extérieur on ne peut pas jouer avec l'acoustique et on dépend alors du matos son!! De toute façon on est rarement très satisfaits des conditions de son, vu la diversité des salles et clubs !!!
LF : Ce groupe est tout nouveau, on le sent un peu comme un laboratoire expérimental. Est-ce vraiment ça, et est-il à géométrie variable par rapport aux musiciens qui le composent ?
J-S J : En effet ce groupe est tout nouveau et ce que tu as pu écouter n'est qu'une DEMO. A la base, je voulais juste monter un quartet pour faire sonner des compositions que je n'avais jamais jouées. Puis un jour j'ai rencontré le très sympathique et talentueux Arno De Casanove et lui ai proposé de "sessioner" avec nous. Du coup, j'ai écrit de nouvelles compositions et ai réarrangé certaines anciennes! J'ai deux manières d'écrire la musique, la spontanée et la réfléchie! Dans le second cas, je le fais comme un exercice, en me mettant certaines contraintes : tempo, rythme, structure, style, etc. Du coup, on peut peut-être en effet ressentir un aspect expérimental (cela veut-il dire ennuyeux?) dans certaines compositions. Tu pourras, à la rentrée, écouter le nouveau disque de Fred Couderc (il y a là 8 compositions personnelles), et tu y découvriras un tout autre aspect de mon écriture.
Lf : Comment parviens-tu dans ta musique à concilier structure, arrangement et sentiment de liberté ?
J-S J : A la base je n'essaye pas de concilier quoi que ce soit, je laisse simplement libre court à mon imagination (Quand j'en ai...). Ce n'est qu'ensuite que j'interviens comme un arrangeur et, selon les instruments et les instrumentistes, je modifie ce qui est nécessaire.
LF : Dans la modernité de tes compositions, on ressent une grande présence de la musique qui swingue. Reste-t-elle importante pour toi ?
J-S J : Je ne donne aucune importance spécifique aux musiques en général! Je me contente de les aimer! Quand j'ai découvert le jazz à l'âge de 14/15 ans, ce que j'écoutais de plus moderne était Charlie Parker, et j'aimais ça!!! Ce projet en effet est teinté d'une certaine période du jazz !
Merci et rendez-vous le dimanche 12 juin à 16h
jordan release date | NikeLa Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com