LF : Vous semblez avez écouté et intégré des courants musicaux très divers. Pourriez-vous nous en parler et peut-être aussi des artistes qui vous ont inspirés ?
FS : Nous avons tous les trois des parcours qui diffèrent, dus à nos instruments et nos formations respectives. De ce fait, nous avons été amenés à toucher plus ou moins adroitement différentes musiques, avant de nous retrouver tous les trois derrière ce point d’ancrage que nous procure la musique improvisée. Nous nous nourrissons de musique depuis des années, du coup les artistes qui nous inspirents sont nombreux ! Mais en ce qui me concerne, et pour ne citer qu’eux, je pourrai dire que des artistes comme Paul Motian, Charlie Haden, JimBlack, Bill Frisell, Joëlle Léandre , Louis Sclavis, Jimmy Guiffre, Edward Perraud …… sont des artistes qui me touchent et m’inspirent beaucoup.
LF : Des voyages ont-ils influencés votre répertoire et voire même vos jeux d’instruments ? Ou est ce uniquement le résultat de vos études et rencontres musicales ?
FS : Les voyages n’ont pas été un moteur direct à la musique. Mais ils y ont certainement contribué, au même titre que nos vies en général. Nous avons beaucoup voyagé dans notre imaginaire pour cette musique. Nous avons créé ou transformé des personnages et des lieux. « Bruges » par exemple, que Valentin a composé après une petite virée flamande, nous l’avons attribué au voyage de noces de Marcel et Solange. « Champ de patates » c’est un lieu dit imaginaire, où vit une bonne partie des personnages de l’album. Mais cela pourrait très bien être un petit village du Berry ou du Minervois …Quant à nos jeux d’instruments, ils sont certainement nourris des voyages, des études, des rencontres, de la nourriture, de la poésie, des oiseaux, et plus si affinité …
LF : On semble percevoir dans vos compositions des moments de tensions, de gravité, et d'autres moments beaucoup plus légers voire drôles. Comment se vivent ces variations dans votre musique ?
FS : La musique de Marcel et Solange n’a pas volonté directe à suivre des concepts rythmiques, harmoniques et structurels plus ou moins compliqués. Elle est animée par le son, l’émotion et l’expression personnelle et collective, plus ou moins libre. Une fois de plus, cela peut s’adapter à la vie. A travers cette musique, nous relatons nos émotions. Ces variations de la colère à l’humour en passant par la tristesse ou la joie, fluctuent en fonction des morceaux et de l’imaginaire que nous leur attribuons.
LF : Ce nom de groupe, plutôt inhabituel dans le monde du jazz, ça vous est venu comment ?
FS : Le nom est né avec le groupe, à Aubervilliers, dans la cave de notre collocation, qui nous servait de studio ! Les deux premières compositions de Valentin se nommaient « Marcel » et « Solange » ça nous a paru assez évident. Nous regrouper sous un nom de groupe ça a aussi un sens, car même si Valentin signe la quasi-totalité des titres de l’album, la musique, par cette liberté et cette implication de chacun, se construit en trio.
LF : Sur le 5ème morceau de votre album il me semble reconnaître par certains endroits notre chère hymne national, et si l’on s’essaye à l’exercice des anagrammes, le titre (pates/riz) pourrait devenir (patries), est ce le cas? Et si oui, qu’est ce que cela signifie ? Y’a-t-il un message ?
FS : Pâtes et riz étant un régime assez lourd et indigeste, l’anagramme fonctionne plutôt bien ! Je ne pense pas être en mesure de m’étendre sur les nombreuses problématiques de notre temps, mais pour moi, casser la figure et désacraliser l’hymne national signifie que je ne me sens pas du tout en adéquation avec la plupart de nos modes de fonctionnement. Plus directement, taper sur la Marseillaise c’est aussi une manière de révéler le fait que nous sommes en 2013 et que des phrases du style « Qu’un sang impure abreuve nos sillons !! » mériteraient à mon sens une perspective d’évolution symbolique des plus urgentes !
LF : Prodige, starisation sont des faits et des effets dans l'industrie de la musique, le jazz n’en est pas pour le moins épargné. Comment expliquez-vous ce phénomène, comment le vivez-vous ? Faut-il se mettre en garde contre ce phénomène ?
FS : A notre échelle et dans notre milieu je ne pense pas que l’on puisse parler de « Starisation », mais effectivement, il y a tout un tas de choix plus ou moins justifiables qui sont imposés par un système de consommation. Je pense que chacun doit prendre ses responsabilités et assumer ses choix. S’agit-il de faire du culturel, être didactique, ou faire de l’argent ?
LF : Je crois que vous appartenez à un collectif de musiciens du côté d’Orléans. Cela vous parait-il indispensable de se fédérer au sein d’un collectif pour les jeunes musiciens de votre génération ?
FS : Marcel et Solange fait parti du Tricollectif. Cela me paraît fondamental aujourd’hui, de réunir les compétences de chacun, et de partager ses expériences. Le collectif permet de focaliser l’attention non plus sur le travail d’un groupe ou d’un musicien, mais sur une famille d’artistes. Dans notre cas précis c’est une vraie famille, très créative, et très soudée. On se stimule énormément à tout point de vue .
LF : Sur les 20 dernières années le jazz n’a cessé d’évoluer à vitesse grand V, avec sa profusion de styles, de musiciens, d’apport de tout bord… jamais peut-être le jazz ne s’est senti aussi vivant ! Mais le mot jazz lui n’a pas changé ; n’y aurait-il pas un mot plus "approprié" ? Est-ce que vous diriez que votre musique reste quand même "du côté du jazz" ?
FS : Le jazz a toujours muté très vite. Aujourd’hui, avec les moyens modernes de communication, on a accès à tout, instantanément. Du coup, les rencontres des musiques entre elles, sont monnaies courantes. Tant mieux ! Je dois avouer que je n’ai jamais prêté beaucoup d’importance aux appellations. Il faut appartenir à un style pour être dans les programmations correspondantes, ou pour être placé dans le bon rayon chez le disquaire…Pour moi le mot « jazz » est associé à une musique libre, d’échanges et de jubilation. Alors oui, je pense que la musique de Marcel et Solange est peut-être plus proche de ce courant que de celui de la « pop indusfinlandaise » !
Merci et rendez-vous le Dimanche 17 mars à 16h30.
MARCEL & SOLANGE
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