"Une musique happy, « easy listening » au sens noble du terme afin que le candide du jazz puisse ne pas la trouver trop hermétique !"
Orgue, Batterie, vibraphone, c’est une formation plutôt rare, voire même du jamais vu en matière de groupe, comment t'es venue cette idée? Pratiques-tu toi-même le vibraphone en tant que batteur?
L’idée provient autant de la démarche de chercher un son d’orchestre original, ce qui ne dépend pas que de l’instrumentation, que de rencontres musicales. J’ai travaillé avec David dans un autre projet musical et nous avons rapidement eu un bon « fit », je lui ai logiquement proposé de continuer à faire un bout de chemin ensemble. L’orgue est toujours très apprécié des batteurs par sa « masse » sonore que l’on « cisèle » avec la cymbale… L’attaque moins nette que celle de la contrebasse permet je pense une certaine flexibilité. Guillaume est le bon équilibre pour ce trio, il nous tempère, nous recentre David et moi qui avons tendance à être un peu bavard.
Par ailleurs, je n’ai plus touché un vibraphone depuis mes quelques années en percussions classiques au conservatoire...
Pourrais-tu décrire la musique de Mo'Drums à un néophyte en quelques mots ?
Une musique happy, « easy listening » au sens noble du terme afin que le néophyte ou le candide du jazz puisse ne pas la trouver trop hermétique ou obtuse. Il faut pour cela que les composantes de cette musique , le jazz, lui apparaissent clairement identifiables : le groove , la mélodie et l‘interaction entre les musiciens.Tout ne peut pas être que suggestions, je crois, même pour l’oreille « éduquée ».
Mo’Drums est un groupe constitué de longue date, avec plusieurs albums à son actif (et plusieurs passages à la Fabrica’Son), peux-tu nous dire comment le temps et l'expérience ont joué sur ta musique, comment ta manière de voir et d’écrire la musique a évolué ? Est-ce toi seul qui écris ou propose ce répertoire ?
MO’drums n’est pas un groupe, c’est le nom « de scène » qui regroupe les différents projets que j’ai pu créer. Le temps et l’expérience m’ont appris à mettre en avant le collectif tant sur la recherche esthétique qu' artistique (le son de l’orchestre). Je ne suis pas le seul à décider et à composer, je préfère et me complais plutôt dans le rôle du « directeur artistique ».
Peux-tu nous parler de l'improvisation chez un batteur ? Comment écrit-on ou propose-t-on un arrangement pour l’improvisation ?
Le principe de l’improvisation chez un batteur est le même je pense que pour un autre instrument. Il faut une construction, un développement et une architecture du langage. J’ai eu l’occasion au sein de 2 projets distincts (des performances avec danseuses, MO’dance, et avec une artiste peintre , SPLASHES) de me frotter à l’improvisation libre en solo. J’y ai appris à développer, à faire des variations à partir d’un motif et à soigner les transitions qui permettent d’accéder au motif suivant.J’adore me servir des rudiments du tambour qui sont justement des motifs de 2/3/4 coups avec des appoggiatures qui me donnent une approche supplémentaire à celle habituelle strictement rythmique de la décomposition du temps. Après dans le contexte de l’orchestre de jazz « traditionnel », j’aime improviser dans la structure mélodique ou harmonique du morceau ce qui permet une grande variété et flexibilité pour l’intégration de l’improvisation dans un répertoire.
Pour avoir entendu plusieurs de tes projets, il me semble que sur ce dernier album, tu reviens avec fraicheur sur un jazz plus ancré dans la tradition, est-ce le cas ? D’ailleurs dans une chronique de Jazz Magazine, le journaliste liait le swing qui caractérise Mo'Drums à « une authenticité appréciable en des temps où ce genre-là a tendance à passer un peu facilement aux oubliettes » : qu'en penses-tu?
Il est vrai que j’ai eu l’envie de penser ce trio plus dans l’optique d’exprimer et développer un savoir-faire que dans celle de la "création à tout prix", ce que je crois être une démarche cohérente. Je suis content que les gens puissent y percevoir de la fraicheur, ce qui prouve bien qu’il est encore possible de jouer « un jazz plus ancré dans la tradition » sans en faire une musique figée et « tristoune ».
Le titre du CD «Triplet Feel » (triolet en anglais) est une référence à l’identité ternaire de la pulsation du jazz qui je suis d’accord me semble se perdre dans le jazz actuel contemporain, ce qui à tendance à le « dé-personnifier » je trouve. Question de génération …
Y a-t-il des musiciens actifs actuellement qui t'inspirent particulièrement ?
Il me faut avouer ne pas être au fait du dernier CD, interprète ou « buzz » à la mode. Je draine des quantités d’informations sur internet cependant comme beaucoup.
J’estime beaucoup le travail et la carrière de musiciens comme les frères Marsalis par exemple, pour leur longévité, la qualité de leur musique et la variété des esthétiques qu’ils ont abordé, en restant toujours fermement connecté aux racines afro-américaines.
La Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com