"Venir d'un pays où il y a un folklore est un atout. Tu es bercé depuis tout petit par ce folklore, « tu l'as dans le sang », que tu veuilles jouer cette musique ou non."
Ton nouvel album s'intitule "Hypnosis", titre qui n’est pas sans rappeler l’album deJackie McLean « Hipnosis ». Pourquoi ce titre ?
Au départ, il y a le désir de comprendre. Je considère l'hypnose comme un moyen de rentrer en contact avec la profondeur de l'être, de nous-mêmes, contournant le "bullshit"... Mais l’hypnose comme métaphore, car je n'ai jamais pratiqué l'hypnose. L’idée de pouvoir aller tout droit vers les vraies réponses ou plutôt les vraies questions. Un peu comme Jules Verne et son voyage au centre de la terre, j’imaginais un voyage au cœur de moi-même. Quant à l’album de Jackie McLean, il n'a pas été une référence pour moi, du moins pas pour ce projet. On a pourtant tendance à chercher les licks (accords de référence) et les reproduire, tous langages confondus, aussi bien quand on parle que quand on joue. Ce jeu d’imitation, je m’efforce de l’éviter. Ma véritable inspiration a été le Soufisme et sa danse.
Dans le livret de ton album, tu cites Paul Valéry : « Entrer en soi-même armé jusqu'aux dents ». Peux-tu nous en dire plus ?
Justement, imagine ce voyage au cœur de toi-même, en ton noyau. Sais-tu ce que tu vas trouver là-bas ? Je te conseille de t’armer, car tu y trouveras probablement le bon mais aussi le monstrueux...
Tu avais, ces derniers temps, pratiqué l'art du trio avec tes 2 albums : "Ensemble" et "Carrousel". Ajouter un autre musicien, est-ce un besoin pour des raisons d'écriture ou autre façon de provoquer de nouvelles interactions dans le groupe ?
J'avais envie de passer à autre chose : les deux albums n'ont pas tellement bien marché en France, bien qu’étrangement, ils connaissent un plus grand succès au Japon (“Ensemble”, paru sous un label argentin a été pré-nominé aux Grammys à l'époque et “Carrousel” a été édité au Japon sous un label japonais). Et puis on a commencé à jouer avec Ricardo Izquierdo. On a notamment enregistré sa musique dans l’album "Ida". Puis j'ai eu envie d'écrire pour deux solistes. Il a une approche qui me plaît et que je partage, où la musique n'est pas un entertainement ou une performance, mais un monde en soi. Matyas Szandai est pour le coup un “tueur” (le Bruce Willis de la contrebasse!) avec bien sûr tout le bagage « jazz ». Mais ce que je préfère le plus en lui c'est son bagage hongrois, sa liberté rythmique. Antoine Banville est un frère musical, on se connaît bien. C’est un excellent batteur. Nous avons en commun l’expérience de travail avec la danse contemporaine. Un musicien qui a travaillé avec la danse joue différemment, il acquiert une finesse rythmique propre aux mouvements du corps.
Tu as aussi enregistré un album en duo de tango argentin, la musique de ton pays a-t-elle une influence sur ta composition ? Et sur ton jeu d’improvisation, lorsque tu te produis avec ton quartet ?
C'est amusant car je viens juste d'avoir 48 ans. Je suis arrivé en France quand j'en avais 24. Du coup, je ne sais plus trop quel est mon pays ! Venir d'un pays où il y a un folklore est un atout. Tu es bercé depuis tout petit par ce folklore, « tu l'as dans le sang », que tu veuilles jouer cette musique ou non. Mon désir explicite de me rapprocher du tango s’est finalement ravivé lors de ma rencontre avec Olivier Manoury. Nous avons enregistré “Free Tango”, un album de tango improvisé. On est inévitablement influencé par plein de choses et sans aucun doute, je suis influencé par la musique argentine, parfois de façon volontaire, mais plus souvent de façon implicite ou inconsciente comme ce doit être le cas dans “Hypnosis”.
Tu joues assez souvent dans ton pays d'origine l'Argentine ... Comment ça se passe la musique actuellement dans ce pays ?
Il y a plein des nouveaux musiciens, je ne les connais pas tous, mais il y a un très bon niveau et beaucoup de créativité. Plein de projets où fusionnent différentes musiques. En France, on a toujours peur que ça ne sonne pas assez « jazz ». En Argentine, comme dans beaucoup d'autres pays avec un folklore, les artistes n'ont pas peur : ils font.
Peux-tu nous raconter ta venue en France ?
J’étais le pianiste et arrangeur de l'orchestre de tango “Sexteto Sur” et on est venu en tournée avec Adriana Varela, une chanteuse de tango très connue. C’était en 1992. À la suite de cette tournée, on m'a proposé de jouer au “Trottoirs de Buenos Aires” rue des lombards. Quand je finissais mon gig de tango j'allais alors jouer en face, dans les clubs de jazz.
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