Alex Stuart répond à nos questions
LF : On est toujours heureux d'accueillir des musiciens venu d'ailleurs. Comment est vécu le jazz et les musiques improvisées en Australie ? Quelles différences as-tu ressenti en jouant en France ?
AS : L’Australie a une excellente scène de jazz et de musiques improvisées grâce à de super musiciens et une vraie fraîcheur musicale. Si je généralise en parlant d’un son australien, je pense que celui ci est libre, qu’il respire et ne se pose pas trop de questions ! Les impositions historiques et culturelles se sentent moins qu’ailleurs ; nous sommes encore un jeune pays au sens occidental du terme. Il y a également une vraie culture du groove. Le seul problème c’est qu’on est un peu loin de tout ! C’est difficile de parler des différences que je ressens en France. Paris est une ville incroyable et un vrai melting pot. Il y a des musiques de grande qualité, des quatre coins du monde, presque toutes les nuits. Il y a donc une super scène world et du coup world jazz. C’est une des choses qui m’a vraiment attirée ici. L’Australie est un pays très multiculturel mais qui ne possède pas une diversité musicale aussi riche.
LF : Peux-tu nous raconter ton parcours de musicien. Du point de vue musical, le métissage est-il pour toi une question de survie ?
AS : J’ai commencé la guitare à 13 ans et ça m’a semblé une évidence. J’avais la chance d’avoir d’autres amis musiciens débutants autour de moi donc dès le début nous avons pu jouer en groupe. On a commencé avec le grunge et puis on a évolué vers le funk et le jazz. Depuis ces débuts musicaux j’ai toujours été intéressé par beaucoup de musiques différentes. Je nourrissais cet intérêt en cherchant l’or dans les nombreux vinyles de mon père, de Astor Piazolla à Pink Floyd, de la musique de Soweto à Stan Getz… Je me suis mis au jazz mais la volonté d’apprendre d’autres styles que j’aimais est restée et c’est comme ça que je me suis intéressé aux musiques africaines, latino-américaines, indiennes. D’autre part le rock ne m’a jamais quitté. Dans ma musique, le métissage me vient naturellement, le mélange se fait tout seul. Et dans la façon dont je vois le monde, l’ouverture culturelle me semble très importante. Il y a tellement de belles choses, je trouve ça dommage et même dangereux de se fermer à son propre héritage historique et culturel.
LF : Ta musique a, je crois, des influences tournées vers des musiciens (guitaristes) tels que Mikkel Ploug, Jonathan Kreisberg, et autres musiciens de New York. Ont-ils inspiré ta façon de voir la musique et aussi de composer?
AS : Oui, sans doute ! Je ne connaissais pas Mikkel Ploug mais un ami me l’a fait découvrir il y a quelques semaines et j’aime beaucoup. Sinon je suis en effet fan d’autres guitaristes de la nouvelle génération tels que Jonathan Kreisberg, Mike Moreno, Nelson Veras, Tim Miller … Leurs maîtrise est extrêmement impressionnante. Beaucoup de travail. Et je suis bien sur un grand fan de Kurt Rosenwinkel ! Il a vraiment ouvert des portes et l’énergie et la passion qui se dégagent quand il joue sont incroyables. Si je continue la liste des guitaristes que j’adore Bill Frisell et John Scofield figurent dans le top ten ! Après ça, je ne pourrais pas trop dire comment tous ces musiciens m’ont influencé mais ils ont laissé des traces je pense.
LF : On a eu l'occasion de t'écouter chez Ackenbush sur un projet totalement différent : musique improvisée, voire free rock. Comment, et pourquoi, passes-tu d'un univers musical à l'autre ?
AS : J’adore ça. Chaque univers musical a une richesse à soi. C’est un vrai challenge de rentrer dans des styles différents et de savoir s’adapter. Je suis poussé à apprendre de nouvelles choses, à épurer ou à rajouter à mon jeu. Je ne trouve ça pas facile d’ailleurs. Dans la voix musicale que je cherche, j’espère que des éléments de toutes ces musiques que j’ai jouées ou apprises ressortent de façon spontanée.
LF : Dans le contexte électoral et médiatique actuel, quelles seraient vos critiques, revendications et suggestions en terme de politique culturelle vis-à-vis des institutions publiques ?
AS : La France pour moi est un pays qui a un grand respect pour la culture et les arts et je trouve ça génial. La politique culturelle a été en accord avec cela je pense. Mais si j’ai bien observé, ceci est en déclin progressif depuis un moment et je trouve ça bien triste. J’ai peur que dans le climat actuel de crise européenne et de plans de rigueur répandus cela ne s’arrête pas et même que les choses s’accélèrent. Il faut donc que la culture reste dans le débat de la campagne électorale, c’est quelque chose d’essentiel. On est déjà bien assez rentré dans l’ère du "produit"...
Merci et rendez-vous le Dimanche 12 février à 16h30
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