LF : Lorsqu’on écoute votre projet, le mélange jazz, pop et rock semble assez évident, est-ce une orientation due à vos parcours, qui représente vos rencontres ou vos écoutes ?
JM : Il est évident que notre parcours a influencé directement notre musique. Je ne parle pas de parcours exclusivement musical. En effet, dans notre démarche créative, nous pouvons être influencé par bien d'autres choses que la musique. Néanmoins, nos écoutes respectives nous orientent lorsque nous composons. C'est ce qui fait l'authenticité et l'identité de chaque artiste. Ce mélange de jazz, de rock, de pop s'explique assez facilement, on a tous trois écouté les Beatles dans la voiture de nos parents, les Rage Against The Machine à l'adolescence et Mingus plus tard.
LF : Le deuxième groupe de la soirée est un projet sur la musique de Radiohead. On lit sur votre site que ce groupe fait partie aussi de vos références avec Led Zep. On a l'impression que la nouvelle génération dans le jazz mélange plus facilement les genres. Qu'en pensez vous ?
JM : Je pense qu'aujourd'hui avec internet, les gens écoutent la musique d'une manière beaucoup moins sélective qu'avant, on a accès à ce qu'on veut quand on veut. On ne se contente plus de notre discothèque, on va aussi découvrir de nombreux artistes rien qu'en surfant très simplement sur internet. Les sources d'inspiration se multiplient de manière très aléatoire. C'est donc tout à fait justifié que les groupes actuels mélangent les genres.
Pour ma part, je ne vois pas pourquoi je me contenterais de jouer uniquement un style alors que mes influences sont vraiment très diverses. Pour Honeyjungle, il y a deux fils conducteurs: premièrement, la musique doit rester avant tout populaire, accessible à tous et deuxièmement, la création reste libre tant que ça plait aux deux autres membres du groupe.
LF : Sur votre site, vous annoncez pour la fin 2014 la sortie de votre 2ème album, pouvez-nous nous en parler ? Et y aura-t-il des invités dans ce nouveau projet ?
JM : Finalement, pour la sortie, on opte plutôt pour printemps 2015. Ce second disque est produit par GAGA Jazz, association stéphanoise qui fait aussi partie de la Fédération des Scènes de Jazz. Nous venons d’enregistrer au studio Purple Sheep avec notre ami Olivier Biffaud qui s'occupera aussi du mixage.
Ce nouveau répertoire est très varié et je crois qu'il est très accessible à l'écoute. Nous avons fourni beaucoup de travail sur le son du groupe et sur les ambiances qui sont vraiment différentes tout au long du disque. Les nuances sont beaucoup plus marquées. En plus du piano, Camille joue aussi un clavier analogique et moi, j'utilise des effets sur la contrebasse. Ce nouveau panel de sons a été vraiment bénéfique pour la création de cet album et pour la dynamique de groupe.
Pour ce qui est des invités, nous en avons plusieurs. Ce sont tous des musiciens stéphanois que nous connaissons très bien. Il y a trois saxophonistes à qui nous avons proposé des morceaux très différents.
Mathieu Notargiacomo au soprano, Rémy Jacquet au Ténor et effets et Vincent Perier qui joue également de la clarinette sur un quatrième morceau. Lionel Dessus joue du Pandero sur ce même morceau.
LF : Sur plusieurs sujets, l’heure est à la lutte et il me semble que le jazz et les musiques improvisées n’y échappent pas. Comment parvenez-vous à faire vivre votre musique en cette période difficile, et au-delà de cela, relève-t-elle davantage du combat ou de la bouffée d'oxygène?
JM : Avec Honeyjungle, nous avons à peu près une dizaine de dates par an. Autant vous dire que ce n'est pas le projet qui nourrit nos enfants. Malgré tout, c'est un projet ou nous dépensons énormément de temps et d'énergies. Pour répondre à votre question, je dirais plutôt: une bouffée d'oxygène. J'explique ça par le fait que nous sommes tous les trois de bons amis. On aime se retrouver pour un petit repas, une répétition, un concert. Je pense que notre répertoire a une identité de plus en plus forte et qu'il est important de le défendre dignement et surtout sans complexe. Sur scène, on met nos vies de coté et on se contente de jouer le mieux possible. Après le concert, nous ressortons tous les trois fatigués mais toujours avec le sourire. Voilà en quoi ce groupe relève davantage de la bouffée d'oxygène. Pour joindre les deux bouts, nous avons tous les trois d'autres projets.
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