"L’improvisation n’est pas un style, c’est un rapport au monde, un langage, une quête, un chemin que l’on trace ensemble..."
1) Tu viens tout droit du classique et de la musique contemporaine, si je ne m'abuse, mais tu es aussi issue d'une génération dans laquelle on explose les frontières et les chapelles. Comment qualifierais-tu la musique de Spring Roll? Musique contemporaine?
J’ai eu une solide formation musicale, mais n’ai jamais choisi un « genre » de musique, cette manière de tout classifier est une maladie de notre ère. Je joue simplement de la musique, sans me demander si c’est du jazz, du contemporain, ou quoi que ce soit d'autre. J’aime quand il y a de la liberté, ce qui peut être ressenti pendant une improvisation, mais pas seulement. Désolée, mais je ne suis pas bien placée pour décrire la musique que nous jouons. Ce qui est absolument certain, c’est que nous quatre jouons des choses que nous avons fortement envie d’expérimenter ensemble.
2) Comment est pensé l'improvisé dans l'écriture des pièces ? L'ensemble de tes musiciens participe-t-il à l'écriture de ce projet ?
Je considère que je vis avec la musique, ce qui veut dire: j’y travaille, j’y pense, je rêve grâce à elle bien sûr. Et la vie est improvisation. L’improvisation n’est pas un style, c’est un rapport au monde, un langage, une quête, un chemin que l’on trace ensemble. J’ai réuni ces musiciens pour ce qu’ils sonnent. Ils laissent chacun à leur manière une empreinte dans ce sillon commun, nous construisons le son du groupe ensemble, nous alimentons constamment le discours avec nos savoirs faire et nos personnalités.
3) A un public non initié, comment présenterais-tu ce projet, quelle était ton intention?
Êtes-vous sûr que le public soit une entité définie, qui existerait vraiment ? Et que peut bien vouloir dire initié ? Tant qu’à faire, nous pourrions faire passer un test d’évaluation du taux d’« initi-attitude » à l’entrée du concert…? Blague à part, j’aime l’idée que cette musique offre une panoplie de timbres diversifiés et captivants. L’auditoire peut s’attendre à entendre des choses très variées. Je suis très heureuse que la Fabrica’son nous invite à jouer, c’est une grande chance. J’espère que chacun y trouvera sa propre manière de recevoir ce que nous allons jouer.
4) Les musicien(ne)s jouant de la flûte traversière dans le jazz et la musique improvisée sont souvent des saxophonistes et la flûte leur deuxième instrument … Rares sont ceux ou celles qui en ont fait leur instrument de prédilection. A en croire Michel Edelin (un de ceux-là), c'est en train de changer. Qu'en penses-tu ? Et à quoi cela est-il dû ?
Oui, il y a un mouvement dans ce sens, même si ça n’est pas nouveau. Cela prend un certain temps, en partie parce que c’est lié à la question de l’histoire et l’image que l’on a de cet instrument. C’est une chance de pouvoir aller écouter d’autres flûtistes, de tout âge et tout langage confondu, tels que Michel Edelin, Nicole Mitchell, Magik Malik, mais aussi Ludivine Issambourg, Fanny Ménégoz, Naïssam Jalal, Jocelyn Mienniel, Cléa Torales, Ninon Foiret, … j’en oublie sûrement, mea culpa, en tout cas il existe aujourd’hui une vraie tribu de flûtistes. Et il paraît même que la tendance s’inverserait… Je me mets au saxophone alto !
5) Heureuse présence de la voix chantée, sur des textes, pourquoi as-tu fait ce choix ?
La voix, les textes, les sons, tous ces éléments sont interconnectés. Les mots sont une part de la musique, et les instruments jouent à l’intérieur de la voix. Je suis fascinée par la littérature, et c’est devenu essentiel pour moi d’intégrer le texte dans ma pratique. Et questionner le lien entre le son de l’instrument et le son de la voix. Par exemple, pour moi, la flûte est comme un prolongement de la voix, avec ses accents, ses souffles, ses articulations. En utilisant des textes, je n’ai pas la volonté de faire passer un message. Il n’est question que de littérature et de poésie. S’il vous arrive un jour de penser que la poésie peut élargir notre vision du monde, et même s’approcher de la vérité … vous avez raison!
6) Y a-t-il une raison pour le choix du titre ? Amoureuse de la cuisine chinoise ou c'est parce que ça sonne bien en anglais ?
A l’origine de ce groupe, il y a eu un spectacle, une performance, une sorte de concert-installation avec des films, des peintures, des mots, intitulé « Printemps », avec Aalam Wassef.Cela parlait du Printemps Arabe, bien sûr, mais pas seulement. Ca, c’est pour « Spring ». Quant à « Roll », je laisse galoper votre imagination...! En tout cas, c’est mieux que « French Fries », non?
7) Quel(le)s sont les musicien(ne)s actuel(le)s dont tu te sens le plus proche ou qui peuvent t’inspirer, t’influencer ?
Ce qui m’inspire, ce sont les rencontres et les expériences, en tant que telles ! Et vous, avez-vous une étoile favorite dans le ciel ? Avez-vous déjà demandé à un jeune enfant s’il préfère sa maman ou son papa ?
8) Entre « chou et loup » est un spectacle pour enfant que tu as créé il me semble, c'est aussi une de tes multiples facettes que de jouer aussi pour les enfants et leurs parents. Est-ce que ça t'apporte quelque chose de particulier de jouer devant les enfants, est-ce l'espace nécessaire pour le clown qui sommeille en toi ?
Ce spectacle est à la base une commande de Sylvain Maurice et du Théâtre de Sartrouville. Nous l’avons conçu avec Noémi Boutin, aidées par Sam Mary, Laurence Garcia et Jean-François Vrod. Nous ne sommes bien évidemment pas clowns ni comédiennes, et si vous me preniez mon instrument, ce serait difficile pour moi d'articuler quoique ce soit sur scène!Mais, pour nous, il est important d’explorer constamment de nouvelles manières d’approcher notre instrument et la scène. Nous avons voulu, par exemple, travailler la voix et la présence, ce qui nous transporte dans une théâtralité du concert. Pour cela, nous faisons appel régulièrement à des chanteurs, comédiens, metteur en scène, qui nous aident à préciser nos envies pendant les sessions de travail. Par ailleurs, les enfants ont une sincérité qui met la barre très haut, il n’y a pas le droit à l’erreur, et si on fait fausse route, ils nous le font savoir tout de suite. Il faut convoquer et réveiller tout ce qui sommeille en nous! J’aime ce défi.
9) Si je te disais que j'ai vraiment l'impression que tu fais les choses sans jamais te prendre au sérieux, mais toujours avec beaucoup de sérieux car ça te donne l'occasion de toujours rigoler. Ça te fait rigoler ?
Ca me fait penser à mon nom de famille: "Elle a Ri", à l’envers ça fait « Y ralaît » (… et lycée de versailles!)
buy footwear | Custom Air Force 1 - Design Your Own Sneaker , Fitforhealth
La Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com