LF: D’où vient le nom « Kaze » ?
PO : Kaze est un mot japonais qui signifie « vent », « souffle ». Le nom est venu assez naturellement, de par l’instrumentation évidemment (les 2 trompettes), mais aussi par la musique produite lors de nos premières rencontres à quatre. Il y a une circulation, un courant très simple et évident, une facilité de communication dans la musique que nous jouons.
LF : De quelle manière s’est fait le répertoire ? Est-ce un travail collectif ou est-ce l’un d’entre vous qui compose et dirige pour le groupe ?
PO : Kaze a été dès le départ un projet collectif, sans leader. Chacun amène du matériel musical, des morceaux, dont l’écriture est généralement assez simple, et qui sont souvent des prétextes à l’improvisation. C’est toujours une musique qui se crée dans l’instant, même s’il y a des repères écrits, ou des structures qui peuvent indiquer des directions. C’est donc réellement un travail collectif, et c’est ce collectif qui donne le son du groupe, sa personnalité, où la liberté de chacun est primordiale, qui fait que chaque concert est différent du précédent. L’instrumentation a sa part également : la présence, peu commune, de 2 trompettes, qui sont à la fois très proches et très complémentaire, l’absence de basse dans le groupe qui crée également une sorte de déséquilibre et de mise en danger assez jouissive…
LF : Votre disque « Tornado » est sorti sur le label « Circum disc », votre label issu du collectif Circum. Le collectif de la Fabrica’son vient de créer également son propre label, pouvez-vous nous parler de votre expérience dans ce domaine ?
PO : Le label Circum-Disc a été créé en 2004, et est effectivement une émanation du collectif Circum, créé quelques années auparavant (devenu depuis Muzzix). Ce sont cependant deux structures indépendantes, il y a ainsi quelques projets, pas beaucoup, qui sont totalement extérieurs au collectif. La création du label était assez logique dans notre démarche collective initiale, à savoir être totalement indépendant et être capable de gérer l’ensemble des aspects de notre création musicale. Vu la situation du disque actuellement, le musicien est de plus en plus souvent amené à produire ses propres disques, il nous a semblé assez cohérent d’en faire une démarche collective. Le label a sorti depuis 10 ans une petite trentaine de disques, issue donc principalement des projets de Muzzix et de ses musiciens. On ne peut pas vraiment dire que ce soit « rentable », mais aujourd’hui le disque est plus souvent un outil de promotion, et dans ce sens l’expérience est positive pour nous car elle a permis de faire connaître plus facilement nos projets. On est vraiment de toute façon dans une micro-économie, les disques se vendant essentiellement en concert. On multiplie également depuis quelques temps les collaborations ou coproductions avec d’autres labels, comme avec Kaze dont les disques sont sortis également sur le label japonais Libra Records, qui est le label de Satoko Fujii et Natsuki Tamura.
LF : Selon votre label, vous êtes quatre "storytellers": est-ce cela que vous voulez faire : raconter des histoires?
PO : Je ne pense pas que nous voulions raconter des histoires : nous n’avons jamais d’idées préconçues avant de jouer, ni de scénarios, ou de thèmes qui inspireraient la musique. Par contre, naturellement les histoires se font en jouant ensemble, qui peuvent à la fois être quatre histoires différentes ou une seule. Sans vouloir jouer sur le dramatique, je pense effectivement que notre musique peut susciter beaucoup d’images, et, de par sa liberté et une démarche sans limite, emmener l’auditeur probablement là où il ne pensait pas aller.
LF : Cet orchestre a-t-il déjà joué au Japon ? Et si oui comment cette musique y est-elle perçue ?
PO : Kaze a déjà fait 2 tournées au Japon. Satoko Fujii et Natsuki Tamura sont deux musiciens très repérés de la scène free-jazz japonaise, jouant avec énormément de gens et de projets différents. Ainsi le groupe n’allait pas totalement en terrain inconnu… Il y a un esprit très particulier je trouve au Japon, où l’on a l’impression que toute musique est possible, il ne semble y avoir aucune limite… Même si, comme ici, ça n’est pas notre musique qui attire les foules, il y a un vrai public pour celle-ci, un intérêt évident, et du coup de nombreux lieux et musiciens.
LF : On sent toujours dans votre musique, que ce soit dans les parties calmes ou plus énergiques, une certaine tension, comme un fil qui maintient fortement l'attention. Comment arrivez-vous à ça ?
PO : Ce qui caractérise peut être notre démarche est qu’on ne se pose pas beaucoup de questions, nous jouons ensemble de manière tout à fait naturelle, avec par contre un total engagement dans la musique et dans les rapports entre chacun de nous. Au delà de la recherche de timbres ou de détournement des instruments, notre première préoccupation est la liberté, la possibilité de jouer sans aucune limite. Je pense que c’est cette concentration collective qui donne cette tension.
LF : On sent aussi de l'humour et même dans certains passages des dialogues comme si vous vous parliez réellement. On peut même presque comprendre des phrases comme avec Mingus et Dolphy. Est-ce mon ressenti, mon imagination ou travaillez vous cette notion de dialogue ?
PO : Les dialogues et l’humour sont effectivement là, sans être, encore une fois, travaillés. Sans le vouloir réellement, notre musique est variée, drôle, tendue, dramatique, car totalement libre, sans aucune contrainte ni limite. C’est je pense le reflet du plaisir de jouer ensemble, simplement et naturellement.
LF : Qu’est ce qui prime dans votre démarche artistique, le travail intrinsèque à la musique ou bien l’ambiance, les images, l’expression organique, la liberté ?
PO : C’est effectivement la liberté qui prime, l’envie de jouer notre musique, celle que nous voulons entendre, sans restrictions, qu’elles soient d’ordre mélodique, stylistique ou même technique… Cela peut paraître étrange, mais pour nous cette musique a un côté évident et naturel, ce qui la rend, de notre côté en tout cas, d’autant plus jouissive !
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