LF : Nous avions eu le plaisir de vous écouter il y a plus de 4 ans déjà. Depuis, comment a évolué ce groupe et la musique que vous jouez ?
VJ : Depuis 4 ans le jeu a bien évolué au fil des concerts et des répétitions. Que ce soit dans le jeu ou dans l'écriture, la cohésion est bien plus forte et les directions s'affinent. Benoist, Pierre-Yves et Philippe sont très présents dans l'évolution des morceaux . C'est un vrai travail collectif. Pour ma part, je pense que les choix et les directions se renforcent... Certains thèmes sont plus proches de la spiritualité qu'avant ...et très dépouillés aussi.
LF: Du saxophone alto, tu passes soudainement au soprano ; pour quelle raison ce changement ? Penses-tu que nous avons chacun notre propre son ou instrument qui nous attend, prêt à faire surgir le meilleur de notre musique ?
VJ : Pour le passage au soprano c'est assez fou, c'est le hasard... Et c'est incroyable, tout ce qui me résistait à l'alto est venu très naturellement au soprano. Et cela a affecté autant mon jeu que l'écriture. Donc oui, je pense que nous avons un (ou plusieurs) instrument qui "nous attend ".
En ce qui concerne le jeu, tout est devenu plus fluide, beaucoup plus ouvert , naturel et fort. J'ai réellement trouvé ma VOIX/VOIE ; je ne ressens plus d'intermédiaire entre mes émotions et le son.
Pour l'écriture, elle s'est adaptée tout aussi naturellement à cette nouvelle voix en devenant plus simple, plus intense et beaucoup plus ouverte elle aussi.
LF : L'énergie mêlée d'un état d'urgence me semble caractéristique de ton jeu. Qu'est ce qui t'anime dans la musique ?
VJ : Plus j'avance dans la musique et plus je tends vers l'expression la plus immédiate, la plus sincère des émotions. Cela peut-être parfois un peu compliqué quand on travaille sur des concepts assez pointus (comme tous les jazzmen) de rester spontané et frais, et c'est là que le groupe prend tout son sens. Cette communication/écoute me permet de conserver l'énergie et de me "lâcher " en toute confiance. Je veux pouvoir jouer avec la magie et la vérité du moment.
LF : Ne penses-tu pas, comme moi, que le saxophone soprano provoque un son très ouvert dans un quartet ?
VJ : Je ne sais pas trop... Cela doit dépendre du style de jeu et de la personnalité du saxophoniste. Mais il est évident que nous avons toujours quelque part dans un coin de la tête le son de Coltrane ou Liebman associé au soprano, et à ce style de jeu très puissant et ouvert.
LF : Cela fait de nombreuses années que tu joues avec ces musiciens ; penses-tu que la musique soit une question de longueur de temps et de chemins communs ? Peux-tu nous parler d’eux et de ce qu’ils apportent à ce projet ?
VJ : Absolument. J'aime cette idée que la musique n'est pas figée et qu'elle évolue avec nous, nos échanges, nos rencontres, nos expériences ... Je me suis construit (musicalement) assez lentement et j'aime bien que les choses se construisent sur le long terme avec une " famille " de musiciens.
Ce qui est intéressant c'est qu'à côté de ces " chemins communs ", il y a les rencontres (parfois même brèves) qui peuvent tout bouleverser ou, en tout cas, nous ouvrir de nouvelles perspectives .
En ce qui concerne le quartet, Philippe, Benoist et Pierre-Yves ont une sensibilité et un background différent qui enrichit considérablement la musique. J'apporte parfois des choses très écrites et précises et d'autre fois un matériau plus brut, où tout reste à trouver. Dans les deux cas, leur investissement et leur apport est énorme.
LF : Tu joues avec Benoist depuis très longtemps, je vous ai écouté en duo et c'était super ! Est-ce que cela pourrait devenir un projet ?
VJ : Benoist est un batteur et un musicien unique, il a vraiment un jeu et un son à lui. Nous avons beaucoup joué ensemble (groupes /sessions...). Nous nous connaissons bien. J'adore jouer en duo avec lui. Nous avons d'ailleurs récemment joué pour un ciné concert, et des répétitions jusqu'au concert, tout s'est passé très naturellement. Je pense que oui, un duo ou un trio arrivera un jour ou l'autre.
LF : Comme d'autres jeunes musiciens de la scène jazz actuelle, tu reconnais être influencé par des compositeurs come Ravel ou Debussy. Peux-tu nous parler de ton goût pour leurs œuvres et de ton désir de les inviter dans ta musique ?
VJ : Dans le cd, je joue un arrangement sur "Trois beaux oiseaux du Paradis" de Ravel, une mélodie absolument sublime. Quelle que soit la musique, le style ou l'époque, j'ai besoin de cette force mélodique, de lyrisme... Que ce soit Reich, Bartok, Ligeti, Radiohead, Morricone, Bojan Z, etc, c'est vraiment cette notion de thème très fort qui m'a toujours inspirée.
LF : Quels sont tes idoles au saxophone soprano (passés et actuels) ?
VJ : Coltrane évidemment... Dave Liebman... Dans les deux cas des références absolues et au delà, du saxophone un engagement spirituel dans la musique. Stefano Di Battista a apporté quelque chose de très élégant au soprano, il le fait réellement chanter! Il y a Boris Blanchet que j'adore, au soprano comme au ténor. Il a une puissance d'expression hors du commun... Il est fantastique!!! Et évidement, Emile Parisien qui a une voix bien à lui ! Il y en a tellement d'autres... Mais ceux-ci sont les premiers qui me viennent à l'esprit.
LF : As-tu d'autres projets en cours ou à venir ?
VJ : J'ai un duo avec le guitariste Joffrey Drahonnet qui se développe vraiment bien. Comme avec Benoist, nous avons une belle complicité. J'ai également un nouveau projet avec un quatuor à cordes, vraiment magnifique... Nous le jouerons à « Jazz sur son 31 » en octobre.
Sports brands | Buy online Sneaker for MenLa Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com