« … une musique sans barrières stylistiques. J’écoute de tout, et lorsque j’écris j’essaie de pas me limiter esthétiquement ... »
Tu fais parti de ces musiciens au parcours sans faute, entre le Berklee collège of music, quelques années à New York, des rencontres avec des musiciens de première main de la new génération, un retour en France et une activité d’enseignant. On a vraiment envie d’en savoir plus, raconte-nous un peu?
Je suis parti aux Etats Unis très jeune (18 ans), j’avais lu beaucoup d’interviews de Metheny qui parlait de la Berklee et je rêvais de faire cette école. Quand j’ai eu la bourse d’étude je ne me suis pas posé de questions. Arrivé la bas, je me suis vite rendu compte que même si les enseignants étaient excellent, certains élèves l’étaient encore plus ! Ca a été une période d’échanges intenses avec des musiciens venants des quatre coins du globe. Nous faisions ce qu’on appelle des sessions, parfois jusqu’à 3 par jour, pour s’entraîner sur des standards ou des compositions. J’ai pu jouer quelques fois avec Lionel Loueke, Esperanza Spalding, Logan Richardson, Kendrick Scott…. Un vrai boost !
Je suis resté à Berklee 7 semestres puis j’ai emménagé à New york pour quelques temps. Si à Boston on avait une cinquantaine de musiciens de jazz sortant du lot, la j’en voyais un à tous les coins de rue ! Je travaillais comme serveur dans un café, cela me permettait de gagner suffisamment d’argent pour aller dans les clubs quasiment tout les soirs. J’étais donc toujours fourré au Vanguard, Smalls, 55 bar, Jazz Gallery... C’était un autre type d’apprentissage, plus dans le vrai. La bas aussi j’ai fait beaucoup de jams, de gigs et puis j’ai finalement décider de m’installer à Paris, car même si la scène musicale de New York n’a pas son pareil, je ne me voyais pas y vivre.
Maintenant je partage mes activités entre les concerts en leader, en tant que sideman dans de nombreux projets et l’enseignement. Je prépare actuellement mon quatrième disque. Un projet un peu diffèrent de ce que j’ai fait jusque la puisqu’il n’y aura pas de contrebasse. Tony Paeleman jouera les claviers, rhodes et claviers basses, Fred Pasqua est à la batterie. Également de la partie : le saxophoniste américain Seamus Blake et le pianiste Pierre De Bethmann.
On sent et on devine une grande clarté dans ton écriture pas de surenchère, tout est finement dosé sans jamais oublier la surprise toujours subtile; le tout soutenu par des harmonies étranges mais très équilibrées. Qu’est ce qui prédomine chez toi dans le flot de l’inspiration, la mélodie, l’harmonie, la forme, l’interplay…..?
Merci beaucoup. C’est un tout pour moi, rien ne prédomine vraiment, mélodie et harmonie sont à égalité. Le groove est également très important, c’est à dire autour de quel(s) rythme(s) la basse et la batterie vont s’organiser.
Peut être aussi que ce qui va faire qu’une composition fonctionnera mieux qu’une autre c’est sa propension à l’exploration ! Même si j’écris parfois des morceaux compliqués harmoniquement ou avec de longues formes, la partie sur laquelle je choisis de prendre le solo est souvent plus ouverte…J’ai par exemple une composition avec un cycle de solo sur 3 mesures, et nous jouons souvent plusieurs minutes dessus ! C’est donc ce que je garde en tête au moment de l’écriture, en d’autres termes : si on va pouvoir s’amuser ou non en le jouant. Je crois que c’est souvent à cela que le publique est sensible : si les musiciens prennent plaisir ou non.
A l’écoute de ton dernier disque j’ai la nette impression que Yoni et fred sont des complices évident pour toi, vous atteignez un parfait équilibre. est-ce le fruit d’un travail de fond quant à l’interplay, au dosage ou tout simplement le fruit d’une rencontre un peu magique?
Sans doute un peu des trois ! Nous ne nous sommes jamais trop posé la question de qui doit jouer quoi à tel moment…Nous avons fait beaucoup de concerts, de sessions, ou même de petits gigs ou nous jouions juste des standards et cela nous a aidé à trouver naturellement un équilibre et un son de trio. Au fil du temps une forte relation de confiance s’est établie. Si je suis à court d’idée pendant mon solo, je sais que j’ai la possibilité de ne pas jouer : ils prendront le relais ou proposeront quelque chose sur lequel rebondir.
Quels sont les guitaristes que tu as le plus écouté?
J’ai écouté énormément de guitaristes ! Je suis passé par de nombreuses phases d’imitation avec des guitaristes de toutes les époques… Adolescent je voulais jouer comme John Scofield puis Metheny… Ensuite il y a eu Pat Martino, Peter Bernstein, Billy Bean, Wes Montgomery, Jim Hall, George Benson, Jimmy Raney… Puis à NY j’allais voir le plus souvent possible des guitaristes tel que Mike Moreno ou Lage lund et bien sur, Kurt Rosenwinkel, qui habitait alors la bas et que j’ai du voir 20 fois en live !
Comment présenteriez-vous votre musique à un public non initié?
Je dirais peut être que c'est une musique sans barrières stylistiques. J’écoute de tout, et lorsque j’écris j’essaie de pas me limiter esthétiquement. C’est du jazz pour sur, mais c’est aussi très influencé par le classique, la pop , le hip hop, le rock , la folk --…Ravel, Poulenc, Tribe Called Quest, Led Zeppelin, Grizzly Bear, José Gonzales, Neil Young...En bref tout ce que j’écoute depuis gamin. Je pense aussi que le terme "aventureux" pour fonctionner pour présenter ma musique, du moins en concert. Nous prenons beaucoup de risques lorsque nous jouons en trio, parfois ça passe parfois non, mais on est toujours partant !
On dit souvent pour un pianiste que joué en trio ( piano, contrebasse, batterie) est un passage test, et que ce test peut être très formateur est-ce pour toi la même chose avec la guitare?
C’est sur que ce n’est pas le plus simple. C’est une formule relativement récente, il y a finalement peu de disques de référence comparé au piano trio. On doit être clair harmoniquement, jouer le thème en remplissant ce qu’il faut d’espace, s’accompagner tout en prenant le solo... Il y a un équilibre à trouver. J’aime penser la guitare soit comme un saxophone soit comme un piano, soit les deux en même temps ! Il y a un coté frustrant car on a bien entendu que 6 cordes, mais en même temps cette formule du trio permet une grande liberté.
Sur ton dernier album tu invites deux saxophonistes, Ben Wendel et Walter Smith III. Comment les as tu rencontrés ?
J’ai rencontré Walter pendant mes années Berklee, ou il étudiait aussi, à l’époque nous avions notamment été engagé sur l’enregistrement du premier disque du trompettiste Christian Scott. Pour Ben Wendel, c’est un ami qui m’a un jour invité à une session qu’il organisait à Paris, et Ben était la. On s’est recroisé sur quelques festivals et quand comme lui et Walter s’entendent bien, le choix de ces deux ténors la m’a paru cohérent pour mon projet.
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