LF : Cet orchestre est-il la création d'un collectif ou est-il sous la direction d'un seul musicien?
OL : J’ai réuni les musiciens de Slugged en 2010. Il y a Stephan Caracci au vibraphone, Joachim Govin à la contre-basse, Thibault Perriard à la batterie et Adrien Sanchez au tenor. Et on a la chance d’avoir Denis Guivarc’h avec nous le 9. J’écris beaucoup de musique que l’on teste en répétition. On essaie, on garde, on jette, on change des parties, ainsi notre musique est en constante évolution grâce à notre identité de groupe où chacun apporte des éléments…
LF : Quelle est la signification de Slugged, pour les non-anglophones ? Y a t-il un sens caché ?
OL : Slugged signifie littéralement « se prendre une balle ou une beigne ».
J’aimais bien l’idée d’une musique qui surprenne, qui prenne de court.
LF : J'ai été frappé lors du concert que j'ai vu à l'Ermitage en 2012 par la très forte cohésion du groupe, d'une rare densité, comme si aucun musicien n'était mis en avant plus qu'un autre tout en laissant de vrais espaces de liberté pour l'expression individuelle de chacun. Est-ce qu’il y a une direction d’orchestre importante sur scène ? Comment est agencée la musique en concert ?
OL : On a beaucoup travaillé sur le son, le mélange des timbres, la précision rythmique, ce qui crée cette densité. Dans Slugged, chaque morceau à une forme particulière avec plus ou moins d’espaces permettant d’improviser ainsi qu’une idée rythmique ou harmonique avec laquelle les musiciens doivent jouer. Tous ces « imposés » permettent ainsi une vraie cohérence narrative. Sur scène, je donne quelques signes mais c’est souvent à l’improvisateur d’annoncer la partie suivante.
LF : De nombreuses interventions écrites entourent régulièrement les solos. Comment se libérer de celles-ci pour improviser ? Ne sont-elles pas de grandes contraintes pour les solistes?
OL : Effectivement chaque pièce est comme un nouveau jeu avec lequel il faut réussir à s’exprimer, ce qui n’est pas toujours chose facile. On doit souvent changer nos habitudes de jeux, s’adapter, chercher et ainsi jouer différemment. J’ai la chance d’avoir à mes côtés de très bons musiciens qui assimilent très vite chaque contrainte et arrivent à s’amuser, à s’exprimer avec.
LF : Vous semblez puiser dans pas mal de différents courants, de Steve Coleman à Dave Douglas en passant par l'énergie du hard-bop, l'apport d'Eric Dolphy … Pouvez-vous nous parler de la musique de Slugged?
OL : J’ai toujours écouté énormément de musique, principalement du Jazz mais aussi pas mal de musiques actuelles comme du Hip Hop ou du Metal. Des musiques souvent très rythmiques et personnelles, souvent uniques. Pour la musique de Slugged, j’ai essayé de m’inspirer de ces mouvements, notamment en mélangeant toutes sortes de matériaux issues aussi bien du Hard-Bop (avec des formes très structurées et l’importance prépondérante de la batterie) que du Metal (en utilisant des grilles cycliques ainsi que de nombreuses équivalences rythmiques).
LF : Depuis quelques temps, nous recevons des musiciens qui nous parlent de regroupements collectifs (Coax en région parisienne, Circum à Lille, Tricollectif à Orléans, nous-mêmes à la Fabrica'son...) Face aux crises diverses auxquelles nous sommes (et serons) confrontés (culture, finances, politique, écologie...), cela vous semble-t-il une réponse adaptée à la situation ?
OL : Slugged fait partie du collectif « Onze Heures Onze » créé par Alexandre Herer et épaulé depuis peu par une médiatrice culturelle, Amandine Dezafit, qui nous est d’une aide précieuse. Il me semble que le besoin était principalement artistique, de part l’envie de regrouper des musiciens allant dans la même direction.
Faire partie d’un collectif nous permet d’être plus visible, plus présent sur la scène.
LF : A bien écouter la musique de SLUGGED ô combien original et créative, on sent qu'elle s'inscrit dans une mouvance bien définie, qui est apparue en France il y a un peu plus d'une quinzaine d'années. Pour ma part, j'aurais envie de dire qu'une filiation est née entre vous musiciens de la jeune génération et vos aïeux que sont Stéphane Payen, Sylvain Catala, Guillaume Orti , Benoit Delbecq, Geoffroy Demasure, etc ... Si tel est le cas, racontez-nous un peu comment cela c'est passé ?
OL : En 2007, le trio Aka Moon est venu donner une master class au conservatoire de Paris. Nous avons travaillé durant une semaine sur l’album « Invisible Sun ».
Dans la foulée, nous avons fait un concert à la Dynamo pour le festival Banlieue Bleue avec, en première partie, le trio et Magic Malik en invité.
J’ai pris une énorme claque, je me suis mis à écouter tous les groupes issus de la même veine comme Thôt, Print, Octurn, Kartet…
Depuis deux ans, j’ai la chance de travailler et de jouer régulièrement avec Stéphane Payen dans le quartet « The Workshop », avec Guillaume Ruelland à la basse et Vincent Sauve à la batterie. L’idée principale du projet est de réaliser un travail de fond sur la musique de Stéphane, comme fait Steve Coleman depuis des années avec les Five Elements.
LF : En ce qui concerne la composition à proprement dite, relève t-elle de l'utilisation de systèmes rythmiques, mélodiques, harmoniques ou bien le processus de composition est-il plus organique, plus senti ?
OL : C’est un petit peu tout à la fois. L’utilisation de systèmes permet d’éviter d’écrire toujours le même genre de morceaux et ainsi de sortir des habitudes de composition.
Une fois trouvé, je brode autour de ce système, des lignes, des textures, j’essaie de trouver une cohérence à l’ensemble.
Merci et rendez-vous le Dimanche 9 juin à 16h30.
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