EDITO N° 104 - avril 2011

Tiens, c'est le retour du printemps... bourgeons longtemps immobiles qui se mettent à éclore, sève de long mois en apnée qui soudain irrigue jusqu'aux plus petits rameaux, fleurs en sommeil qui font brusquement swinguer leurs couleurs, peuples longtemps bâillonnés qui se mettent tout à coup à crier et à bousculer leurs tyrans... enfin, des personnages tout à fait fréquentables jusqu'il y a à peine quelques mois, parfois si généreux en cadeaux aéroportés ou en palaces d'oléoducs... Mais le vent de l'histoire, un puissant Sirocco, s'est levé, recouvrant de sable fin la vanité et la folie de ces cruels empereurs d'opérette. Or, on sait que parfois le Sirocco traverse la Méditerranée... Alors, en ce moment, pour être un peu en phase avec ces peuples pleins de courage et d'espoirs, j'écoute du « jazzarab' »... Au fait, j'ai remarqué que dans le nom de la chaîne Al jazeera, on entendait le mot « jazz »... C'est ainsi que je voyage en écoutant le oud rêveur d'Anouar Brahem, la guitare agile de Mahmoud Bahri (tous deux Tunisiens), la trompette d'Ibrahim Maalouf (fils de l'écrivain), le flûtiste turc Kudsi Erguner ou encore Rabih Abou Khalil, autre joueur de oud célèbre. Loin de tout orientalisme de surface, résonnent dans tous ces projets un subtil métissage, un équilibre exigeant, entre traditions et ouvertures, terroir et international, local et global. Buy Kicks | Custom Air Force 1 - Design Your Own Sneaker , Fitforhealth

 

C'est impressionnant de voir comme le jazz voyage si bien, sur tous les continents, dans toutes les cultures, proposant (mais jamais imposant) à chaque rencontre un regard curieux et une attitude d'ouverture musicale propice à d'harmonieux et subtils enlacements, à de pacifiques confrontations. Et sous toutes les latitudes, dans chaque fuseau horaire, ça marche souvent très bien. Le concert de ce mois-ci en est un bel exemple : c'est à un autre Orient, plus extrême par sa situation géographique et parfois par ses codes culturels, que Franck Vaillant et ses musiciens ont ouvert la porte. Ils ont invité pour un projet très original, la chanteuse et percussionniste coréenne, Soo- bin Park, pleine de fougue, de dansante musicalité et de contagieux enthousiasme. Les quatre musiciens qui jouent et créent avec elle sont à la fois à son écoute mais cherchent aussi à l'amener, et eux par l'occasion, au-delà, vers une sorte de nouveau folklore, à créer autant qu'à retrouver, moderne et intemporel, imaginaire mais toujours incarné. Alors, retrouvons-nous le dimanche 3 avril dans la salle des Fêtes de Malakoff pour célébrer le monde et les citoyens du monde, à travers l'orient proche qui lutte et l'orient lointain qui rêve, à moins que ce ne soit l'inverse...

Marc

Amicalement : Benoist, Jean-Claude, Franck, Marc et Juliette