EDITO N° 135 - novembre 2014

Réjouissons-nous en ce début de saison : le concert d’Alexandra Grimal et ses « dragons » a été une vraie réussite ! Un beau dimanche après-midi, convivial et hautement musical qui augure d’excellents moments pour les prochains Jazzamalak. Le public nombreux, avec quelques têtes blondes, a encore une fois montré sa très grande qualité d’écoute et a chaleureusement applaudi la musique sensible, riche et surprenante de ce quartet inspiré.

Cependant, nous souhaitons manifester notre désapprobation quant à la prise de parole du directeur du Théâtre 71 ce jour-là. Non qu’elle n’ait pas eu de sens mais nous pensons que ce n’était ni le moment ni l’endroit d’aborder, juste avant le concert, nos désaccords sur l’avenir des Jazzamalak.

Avant de vous expliquer pourquoi nous n’avons pas accepté la proposition de M. Pierre-François Roussillon, il nous semble important de rappeler très brièvement ce qu’est la Fabrica’son et les valeurs qui la font vivre depuis 14 ans, malgré les coups durs et les coups de mous...

A travers cette association, nous avons pour but de démocratiser le jazz contemporain et les musiques improvisées en les ouvrant à un large public, de tous âges, composé de connaisseurs tout autant que de curieux ou de novices. De plus, nous tenons à  programmer, très majoritairement, des musicien.ne.s de grande valeur mais peu médiatisés et donc trop rarement invités et entendus. Enfin, nous avons aussi à cœur de les rémunérer dans les meilleures conditions possibles et de bien les accueillir, en prenant du (bon) temps avec eux.

Or, après de longues et sérieuses discussions au sein de notre collectif, nous avons jugé que la proposition de nouveau partenariat qui nous a été (très soudainement et tardivement) faite n’est pas compatible avec notre charte, notre histoire, nos valeurs.

En quoi consiste ce nouveau partenariat voulu par le Théâtre 71 ? Organiser seulement 5 concerts par an, au lieu de 9 lors des saisons passées, à cause de

raisons budgétaires nous dit-on. Ces concerts auraient lieu non plus le dimanche après-midi mais le vendredi ou le samedi soir, avec une programmation élargie à des artistes « repérés », c’est-à-dire bien plus connus et reconnus.

Après analyse de ces propositions, nous constatons : 1) que la saison serait quasiment amputée de moitié ; 2) qu’avec des concerts en soirée, il serait bien plus difficile d’ouvrir nos concerts à un large public, familial notamment ; 3) que nous ne pourrions plus accueillir les musicien.ne.s avec autant de temps et d’attention comme c’est actuellement le cas sur la longue journée du dimanche : accueil-apéro, grand repas en commun, balance, concert, après concert…)  ; 4) que le choix des concerts en fin de semaine et en soirée fragiliserait la fréquentation au vu des très nombreuses propositions musicales offertes sur ce créneau en région parisienne ; 5) et surtout, que nous laisserions bien moins de place et de chance à des artistes peu médiatisés.

On nous reproche, en voulant continuer l’organisation actuelle, une forme de conservatisme, de routine, de confort. Mais pourquoi, diable, vouloir changer à tout prix la forme du partenariat actuel qui est, dans l’ensemble, un succès indéniable, qui convient et plaît au public comme aux artistes invités ? Nous avons donc été obligés de refuser ce nouveau projet, la mort dans l’âme, car dans le contexte actuel, où de lourdes menaces pèsent sur le milieu associatif en général et la Fabrica’son en particulier, ce n’est pas une décision facile, prise à la légère, mais nous pensons qu’il n’y avait malheureusement pas d’autre choix possible.

Il y a 3 ans, l’équipe du Théâtre 71 nous ouvrait généreusement ses portes alors que nous étions dans une passe difficile et nous faisait confiance en acceptant en toute connaissance de cause notre projet associatif. Aujourd’hui, la situation est dans l’impasse.

A l’heure où nous sommes, si le problème de  salles pour les concerts de décembre, d’avril et mai de cette saison reste pour nous une urgence, nous réfléchissons également à l’organisation prochaine d’une assemblée générale extraordinaire qui permettrait à chaque partie d’exposer et de clarifier ses points de vue et arguments. Nous vous tiendrons bien sûr au courant de l’évolution de la situation.

Mais place maintenant au concert de novembre, avec 4 fantastiques égéries du jazz post-moderne New-Yorkais ! Le quartet d’Alex Terrier nous fera sans doute oublier, fusse un temps, les problèmes petits ou grands, et nous réunira au-delà de divergences et de confrontations somme toute bien humaines. Let’s jazz ! 

Le collectif de La Fabrica'son