1) Comment ce duo est il né?
Il est né comme toute les rencontres entre musiciens: avant tout une affinité de son, et un désir de fabriquer de la musique ensemble.
2) Ce duo nous est présenté sur le site du Surnatural Orchestra comme "deux rails qui rompent le parallélisme et se rencontrent en certains points pour se séparer quelques mètres plus loin" peux tu nous expliquer cet empreint mais aussi cette rupture du parallélisme?
Sillonner ensemble, c’est de ça dont il est question.
Cette image se rapporte à une conception de l’improvisation où il y a une certaine autonomie des composantes tout autant qu’une proximité très forte.
3) Après Spring roll, où la musique est très écrite, ce projet est il né dans un besoin de non contrainte ?
Je n’imagine pas la musique en terme de contrainte!
Et à vrai dire cette question pourrait ressembler à un maladroit sujet de bac sur la notion de la liberté…
Et vous, pensez-vous qu’il faille envisager une quelconque relation de dépendance entre la liberté et les règles?
4) Comment travaille t-on dans un groupe une musique complément improvisée pour pas que cela devienne justement un projet complètement improvisé ?
Nous prenons un plaisir quotidien au travail de la musique, je vous remercie!
Par contre, votre question est pertinente car nous sommes tous guettés par cette épouvantable notion de « projet ».
J’aurais d’ailleurs rêvé voir ce mot banni depuis les dernières gesticulations électorales, puisque son sens est désormais limpide pour qui veut bien ouvrir les yeux.
5) Tu va bientôt jouer avec Steve Coleman, peux-tu nous parler en quelques mots de ce que représente pour toi ce musicien Américain ?
Effectivement, j’ai eu la chance d’être invitée à partager sa musique pendant une semaine en octobre.
Steve Coleman est un défricheur. Il fait partie des musiciens qui ont inventé un son. On apprend toujours beaucoup aux côtés de personnalités musicales aussi fortes.
La musique qui nous intéresse est très vivante aux Etats-Unis; cette expérience fait suite à des collaborations avec Matt Mitchell, Kris Davis, Dan Blake.
6) Tu as souvent joué dans de moyennes ou grandes formations, tu viendras en duo à la Fabrica’son, y a t-il une approche différente des grands ensembles?
J’aime la situation du duo, le fait de se sentir plus seule qu’en solo et moins seule qu’à vingt sur scène.
7) J'ai l'impression que tu brasses des univers, des styles musicaux très diverses. Avec toi la flûte semble enfin libérée. Cela apparaît comme une évidence pour toi cette posture. Si tu avais choisi un autre instrument, est-ce aurait été la même chose?
Si la flûte a semblé limitée, c’est pendant une période très courte et un espace très restreint, que l’on pourrait nommer « Occident ». C’est un des instruments les plus primitifs. Il y a une flûte et un tambour dans absolument toutes les musiques, depuis toujours.
Maintenant, je suis très honorée de faire partie du MLF: Mouvement de Libération de la Flûte !
8) Aujourd'hui on voit de plus en plus de société de production de booking, de label ... qui commencent peu à peu à monopoliser le marché de la diffusion (scènes, festival, International... Etc) n'y a t'il pas un danger qui pointe son nez et qui finira par anéantir la diversité, l'indépendance, la force de résistance de la musique?
Vous n’arriverez pas à me faire peur!
Les choses que vous citez sont une infime partie du désastre en cours.
A chaque fois que la musique fait exister des relations entre des êtres, la religion économique est pulvérisée.
Toute initiative pour provoquer ces moments-là est ce qui nous anime avant tout.
La Fabrica’Son en est un magnifique exemple.
La Fabrica'son, Maison de la Vie Associative, 28 rue Victor Hugo, 92240 MALAKOFF, Tél. 01.55.48.06.36, email : coordination.fabricason@gmail.com